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Le mensuel
francophone de compilation critique de
l'info
Je porte à votre connaissance un texte
intéressant transmis par Cyril
Schönbächler sur des tenants et
aboutissants du dernier G8 que la presse"traditionnelle"
à consciencieusement occultés.
Bonne Lecture!
Le Webmestre de LAUTRINFO
....................
Bonjour à toutes et à tous,
Voici un texte que je distribue actuellement autour
de moi, aux amis et collègues, dans la rue, le
métro, sur le thème "les anarchistes et
Gênes". Ce texte vise à informer le grand
public pour tenter de faire contre poids à la
campagne de criminalisation et d'isolement des anars.
Ce n'est pas un texte destiné à des
militants, ou à des personnes engagées dans le
mouvement social. J'ai essayé de le rendre accessible
à toutes et à tous en évitant tout
"jargon" militant et anar ou formulation
d'"initié-e-s". Mon but n'est pas d'expliquer en
détail ce qu'est l'anarchie, ni d'informer avec
précision sur ce qui c'est passé à
Gènes, mais de mettre en question certain
préjugés et poncifs sur les anars, de
re-amorcer l'esprit critique vis à vis des
média. Ce texte n'est pas complètement
satisfaisant, loin de là, il pourrait être
grandement amélioré (il y a même
certainement des fautes), je l'ai fait un peu dans la
précipitation, mais je ne voulais pas rester sans
rien faire.
Fraternellement.
Thierry Morales
-------------
Le G8 de Gênes et les
anarchistes.
Les 20, 21, et 22 juillet
dernier, s'est tenu à Gênes le sommet du G8,
réunissant les 8 pays les plus puissants du monde.
Face à ce sommet se sont mobilisées des
dizaines de milliers de personnes d'horizon divers
(associations, syndicats, mouvements politiques ou simples
individu-e-s se sentant concerné-e-s par
l'évolution du monde).
Les média et les
commentateurs officiels, relatant les
événements de Gênes, ont focalisé
sur les affrontements et les destructions, faisant passer au
second plan le message, les motivations profondes et les
objectifs des manifestant-e-s. De plus, ils n'ont pas
hésité à désigner les
responsables de la violence et des saccages : les
anarchistes. Qu'en est-il ? Que voulaient les
manifestant-e-s anti-G8 ?
Environs 200 000 personnes se
sont rendu à Gênes pour s'opposer à la
réunion du G8. Au-delà de leur
diversité, ces femmes et ces hommes avaient en commun
de contester la légitimité de ce sommet.
Elles/ils refusaient qu'une poignée de dirigeants se
réserve le droit exclusif de prendre, en huis-clos,
des décisions concernant l'ensemble de la population
de la planète. Elles/ils refusaient
l'hégémonie arrogante et uniformisatrice du
capitalisme ultra-libéral imposé par ces chefs
d'état et le fait que soient systématiquement
écartées des débats toutes conceptions
sociales et économiques, toutes visons de
l'humanité et de la vie, ne rejoignant pas ce
modèle unique. L'objectif des manifestant-e-s
était donc de faire entendre d'autres voix et
connaître d'autres projets humains, d'autres
conceptions de l'existence. Une proportion non
négligeable des manifestant-e-s étaient en
outre venue avec le but clairement affiché
d'empêcher la tenue d'un sommet non
représentatif des aspirations réelles de la
majeure partie de la population mondiale.
Que veulent les anars
?
Au sein de ce mouvement de
contestation, les militant-e-s anarchistes apportent
certaines revendications et propositions originales ainsi
que certaines méthodes d'action spécifiques.
Ses propositions et méthodes sont souvent
méconnues du grand public ou déformées.
S'il est vrai que les anarchistes prônent la
désobéissance civile et l'action directe, ces
conceptions ne sont pas synonymes de violence ou de
désordre.
- La «
désobéissance civile » n'est pas une
forme de délinquance mais le principe selon lequel
toute personne peut légitimement s'opposer à
des décisions injustes et destructrices, quand bien
même ces décisions seraient prise par des
autorités « démocratiques ». Le
respect de la vie et de la dignité des personnes est
au-dessus de l'obéissance aux lois et aux
institutions. Dans certaines circonstances, la
désobéissance est un devoir de la conscience
libre et responsable. Les anarchistes refusent de se
soumettre à des institutions qui ne
représentent en réalité
qu'elles-mêmes et les intérêts
étroits d'une minorité de
privilégiés et de détenteurs de
monopoles.
- L' «action directe »
n'est pas une forme de terrorisme mais une méthode
d'action où les choix sont faits et assumés
par les personnes intéressées
elles-mêmes. Contrairement à d'autres
composantes du mouvement anti-globalisation », les
anarchistes ne demandent pas à être
consulté-e-s » par les décideurs, ils ne
demandent pas à être intégré-e-s
à des institutions dans lesquelles ils/elles ne se
reconnaissent pas, ni à participer aux
mécanismes du pouvoir. Ils/elles veulent que soient
restituée à chacune et à chacun la
liberté réelle de choisir sa vie,
d'élaborer et mettre en ouvre des choix collectifs
par la base, sans délégation d'autorité
ni hiérarchie interposée. Le principe de
l'action directe peut inspirer des démarches
très diverses, de la création d'une
bibliothèque autogérée à l'
occupation d'un immeuble vide en vue du relogement de
familles sans domicile, en passant par le blocage d'un
sommet comme le G8. Mais il s'agit toujours de rendre les
personnes actrices à part entière du processus
de création sociale, de redonner à la
population les moyens de concertation, de prise de
décision et d'action, actuellement accaparés
par une minorité de professionnels de la politique et
de technocrates.
Un idéal positif et
créateur
Ces méthodes d'action
s'inscrivent dans un projet plus vaste : la construction
d'une harmonie sociale sans domination, valorisant et
épanouissant la personnalité unique de chacune
et de chacun. Contrairement aux poncifs qui circulent
à ce sujet, les luttes dans lesquelles s' inscrivent
les militant-e-s anarchistes ne sont pas uniquement
oppositionnelles ou réactionnelles. L'anarchie ne
fait pas que dire « non » et dénoncer, elle
propose un autre projet de vie. Ainsi, les anarchistes
d'aujourd'hui ne se contentent pas de critiquer le
système, elles/ils explorent des alternatives
concrètes fondées sur la solidarité et
la libre entente (SEL, comités de quartier, lieux de
vie, coopératives, écoles
autogérées, média
indépendants.). Elles/ils expérimentent de
nouvelles conceptions éducatives, économiques,
culturelles, de nouvelles conceptions des relations
humaines, basées sur l'égalité,
l'autonomie, le refus de toute discrimination et de toute
hiérarchisation. S'appuyant sur une conception
élevée de la personne humaine et de ses
capacités d'évolution, les anarchistes pensent
que toute femme et tout homme est capable par
l'éducation, la transformation de son contexte social
et l'effort personnel de changer de comportements,
d'apprendre progressivement à vivre en
cohérence avec ses semblables sans gouvernement. Les
anarchistes ne sont pas des partisan-e-s du chaos, au
contraire, ils/elles veulent construire une
société où les personnes n'ont plus
besoin d'autorité pour réguler leurs relations
parce que, se hissant à un niveau élevé
de qualité humaine et d'autodiscipline, leur
conscience et leur respect de l'autre sont devenus leur
seule autorité. En remplaçant le « chef
» par la conscience personnelle, l'anarchie ne fonde
pas le désordre mais le plus haut degré de
l'ordre : la fraternité des individus
libres.
Pour les anarchistes, c'est la
société actuelle qui est chaos. Chaos
organisé, policé, institutionnalisé,
bref « civilisé », mais chaos tout de
même. Ils/elles veulent remplacer cet ordre barbare
ordre du plus fort, du plus manipulateur, du plus
démagogique. - par une société
où se décident en commun les orientations
collectives, une société d'individu-e-s
s'associant volontairement et librement dans un esprit de
complémentarité, de partage authentique et
d'entraide non imposée, sans rapport avec le
collectivisme forcé et bureaucratique du socialisme
d'Etat.
Et la violence dans tout
ça ?
Le projet anarchiste vise
à mettre fin à la violence, sous toutes ses
formes. Les anarchistes aspirent à une forme profonde
de réconciliation sociale par l'abolition des
classes, des inégalités et des discriminations
génératrices de violence. Elles/ils ne
considèrent pas pour autant qu'il faille, au non de
la « non-violence », capituler devant un
système autoritaire et injuste. Les anarchistes
refusent une conception de la non-violence » qui serait
en fait une soumission à la violence
économique et institutionnelle. Face à la
violence du système, ils/elles font le choix de se
défendre et de défendre leur projet social
alternatif, non par goût de l'affrontement mais par
nécessité. S'il est vrai que des militant-e-s
anarchistes optent, dans certains contextes et de
façon non systématique, pour le rapport de
force et le recours à certains moyens offensifs,
cette violence est souvent dérisoire par rapport
à la violence directe, ou sournoise, exercée
au quotidien par les détenteurs du pouvoir
économique et financier, par les forces de
répression qui protège « l'ordre »
mondial. Face aux quelques vitrines cassées à
Gênes, des populations sont expulsées de leurs
terres pour que des compagnies commerciales s'y implantent,
des cultures vivrières sont détruites pour
faire de la place aux productions occidentales, des milliers
de gens sont exploités, réduit à la
disette et à la précarité à
cause des choix économiques et monétaires
qu'on leur impose, des ressources sont pillées pour
le profit d'une minorité, pour que fonctionne notre
société de consommation à outrance, des
femmes et des hommes sont exclus de tous processus de
décision et de création, confiné-e-s
dans des rôles de consommateurs passifs ou
traité-e-s en esclaves ou en marchandises,
nié-e-s dans leur humanité même,
etc.
C'est pour tenter
d'occulter cette violence omniprésente que les
projecteurs sont braqués sur celle des «
casseurs » par les détenteurs du pouvoir et de
la puissance. Cette manipulation du réel, visant
à criminaliser les opposants à la barbarie
capitaliste et étatiste, a franchi plusieurs
degré à Gênes. Pourtant, les faits
parlent d'eux- mêmes : un mort - tué à
bout portant de deux balles dans la tête -, 600
blessé-e-s dont certain-e-s gravement, des centaines
d'arrestations, des sévices gratuits et sadiques
infligés aux personnes arrêtées, des
humiliations, des menaces de mort ou de viol, des privations
de toutes sortes, etc. Le but de ces exactions est clair :
dissuader, effrayer, briser toute velléité de
révolte ou d'opposition, mais aussi créer un
climat de guerre civile, afin de susciter dans l'opinion un
besoin sécuritaire et de légitimer a
posteriori une violence d'état hors de proportion. Il
ne s'agit pas de nier que des anarchistes font le choix
d'affronter violemment les forces de l'ordre ou de s'en
prendre à des bien matériels ou des
bâtiments symboliques (banques, concessionnaires de
voiture de luxe, succursale de sociétés
transnationales connues pour leurs mépris de la vie
humaine et de la nature, etc.), mais de rappeler que, d'une
part, ce choix n 'est pas représentatif de l'ensemble
du mouvement libertaire mais de groupes affinitaires
particuliers. D'autre part, que ce choix est
évidement sujet à débat, que l'on peut
l'approuver ou le désapprouver, mais qu'il est
malhonnête et méprisant de le réduire
à de simples actes gratuits de défoulement ou
de pulsion destructrice. Ces actes manifestent à leur
manière le refus de la réalité actuelle
et une aspiration authentique à une autre
réalité, une autre société.
Enfin, il n'est pas inutile de rappeler que certaines
violences commises soi-disant par les anars le sont en fait
par des policiers infiltrés, dans le but de brouiller
le sens de leur action.
Pour terminer, précisons
que tous les manifestants faisant le choix de l'action
offensive ou du sabotage ne sont pas des anarchistes et que
certains pillages ne sont le fait que d'opportunistes
profitant du contexte de manifestation de masse. Les
anarchistes n'entendent pas se faire passer pour des saints
irréprochables, ils/elles ont, comme tout le monde,
leurs faiblesses et leurs contradictions, et peuvent
commettre des erreurs. Pour autant ils/elles refusent
d'être systématiquement diabolisé-e-s,
que leurs actions soient régulièrement
caricaturées et leur espérance rendue difforme
et décrédibilisée par une propagande
cynique et manipulatrice, attisant les
préjugés et la peur afin de les isoler et de
diviser le mouvement de résistance à la
mondialisation capitaliste.
Des
Anarchistes
Webmestre: Alain
MARQUET
alain.marquet@worldcom.ch

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