Le site de l'Information différente, alternative, solidaire, libertaire et écologique.

Newsletter: S'abonner

Les archives conservent la trace des numéros précédents depuis octobre 2000.

Les liens envoient vers d'autres sites ou E-mail, sources des informations.

Les textes (17) déposés par le Webmestre devant le Conseil municipal de Genève ou remis aux médias.

Vos commentaires sont utiles, qu'ils soient encouragements, critiques ou nouvelles sources d'informations.

Les citations publiées sur les pages mensuelles, regroupées ici.

Les Invités : des textes invités issus d'organisations ou de militants d'horizons divers

Pour recevoir la newsletter mensuelle, abonnez-vous à la mailing liste, ici

Vous voulez soutenir ce site, lui faire un peu de pub?

Présentation du Webmestre

Contacter le webmestre

Site titulaire du

*"*"+LAUTRINFO+"*"*

Le mensuel francophone de compilation critique de l'info

 Je porte à votre connaissance un texte intéressant transmis par Cyril Schönbächler sur des tenants et aboutissants du dernier G8 que la presse"traditionnelle" à consciencieusement occultés.

Bonne Lecture!

Le Webmestre de LAUTRINFO

....................

Bonjour à toutes et à tous,

 Voici un texte que je distribue actuellement autour de moi, aux amis et collègues, dans la rue, le métro, sur le thème "les anarchistes et Gênes". Ce texte vise à informer le grand public pour tenter de faire contre poids à la campagne de criminalisation et d'isolement des anars.

 Ce n'est pas un texte destiné à des militants, ou à des personnes engagées dans le mouvement social. J'ai essayé de le rendre accessible à toutes et à tous en évitant tout "jargon" militant et anar ou formulation d'"initié-e-s". Mon but n'est pas d'expliquer en détail ce qu'est l'anarchie, ni d'informer avec précision sur ce qui c'est passé à Gènes, mais de mettre en question certain préjugés et poncifs sur les anars, de re-amorcer l'esprit critique vis à vis des média. Ce texte n'est pas complètement satisfaisant, loin de là, il pourrait être grandement amélioré (il y a même certainement des fautes), je l'ai fait un peu dans la précipitation, mais je ne voulais pas rester sans rien faire. 

Fraternellement.

Thierry Morales

 -------------

Le G8 de Gênes et les anarchistes.

 

Les 20, 21, et 22 juillet dernier, s'est tenu à Gênes le sommet du G8, réunissant les 8 pays les plus puissants du monde. Face à ce sommet se sont mobilisées des dizaines de milliers de personnes d'horizon divers (associations, syndicats, mouvements politiques ou simples individu-e-s se sentant concerné-e-s par l'évolution du monde).  

Les média et les commentateurs officiels, relatant les événements de Gênes, ont focalisé sur les affrontements et les destructions, faisant passer au second plan le message, les motivations profondes et les objectifs des manifestant-e-s. De plus, ils n'ont pas hésité à désigner les responsables de la violence et des saccages : les anarchistes. Qu'en est-il ?   Que voulaient les manifestant-e-s anti-G8 ?  

Environs 200 000 personnes se sont rendu à Gênes pour s'opposer à la réunion du G8. Au-delà de leur diversité, ces femmes et ces hommes avaient en commun de contester la légitimité de ce sommet. Elles/ils refusaient qu'une poignée de dirigeants se réserve le droit exclusif de prendre, en huis-clos, des décisions concernant l'ensemble de la population de la planète. Elles/ils refusaient l'hégémonie arrogante et uniformisatrice du capitalisme ultra-libéral imposé par ces chefs d'état et le fait que soient systématiquement écartées des débats toutes conceptions sociales et économiques, toutes visons de l'humanité et de la vie, ne rejoignant pas ce modèle unique. L'objectif des manifestant-e-s était donc de faire entendre d'autres voix et connaître d'autres projets humains, d'autres conceptions de l'existence. Une proportion non négligeable des manifestant-e-s étaient en outre venue avec le but clairement affiché d'empêcher la tenue d'un sommet non représentatif des aspirations réelles de la majeure partie de la population mondiale.

Que veulent les anars ?

Au sein de ce mouvement de contestation, les militant-e-s anarchistes apportent certaines revendications et propositions originales ainsi que certaines méthodes d'action spécifiques. Ses propositions et méthodes sont souvent méconnues du grand public ou déformées. S'il est vrai que les anarchistes prônent la désobéissance civile et l'action directe, ces conceptions ne sont pas synonymes de violence ou de désordre.

- La « désobéissance civile » n'est pas une forme de délinquance mais le principe selon lequel toute personne peut légitimement s'opposer à des décisions injustes et destructrices, quand bien même ces décisions seraient prise par des autorités « démocratiques ». Le respect de la vie et de la dignité des personnes est au-dessus de l'obéissance aux lois et aux institutions. Dans certaines circonstances, la désobéissance est un devoir de la conscience libre et responsable. Les anarchistes refusent de se soumettre à des institutions qui ne représentent en réalité qu'elles-mêmes et les intérêts étroits d'une minorité de privilégiés et de détenteurs de monopoles.

- L' «action directe » n'est pas une forme de terrorisme mais une méthode d'action où les choix sont faits et assumés par les personnes intéressées elles-mêmes. Contrairement à d'autres composantes du mouvement anti-globalisation », les anarchistes ne demandent pas à être consulté-e-s » par les décideurs, ils ne demandent pas à être intégré-e-s à des institutions dans lesquelles ils/elles ne se reconnaissent pas, ni à participer aux mécanismes du pouvoir. Ils/elles veulent que soient restituée à chacune et à chacun la liberté réelle de choisir sa vie, d'élaborer et mettre en ouvre des choix collectifs par la base, sans délégation d'autorité ni hiérarchie interposée. Le principe de l'action directe peut inspirer des démarches très diverses, de la création d'une bibliothèque autogérée à l' occupation d'un immeuble vide en vue du relogement de familles sans domicile, en passant par le blocage d'un sommet comme le G8. Mais il s'agit toujours de rendre les personnes actrices à part entière du processus de création sociale, de redonner à la population les moyens de concertation, de prise de décision et d'action, actuellement accaparés par une minorité de professionnels de la politique et de technocrates.  

Un idéal positif et créateur

Ces méthodes d'action s'inscrivent dans un projet plus vaste : la construction d'une harmonie sociale sans domination, valorisant et épanouissant la personnalité unique de chacune et de chacun. Contrairement aux poncifs qui circulent à ce sujet, les luttes dans lesquelles s' inscrivent les militant-e-s anarchistes ne sont pas uniquement oppositionnelles ou réactionnelles. L'anarchie ne fait pas que dire « non » et dénoncer, elle propose un autre projet de vie. Ainsi, les anarchistes d'aujourd'hui ne se contentent pas de critiquer le système, elles/ils explorent des alternatives concrètes fondées sur la solidarité et la libre entente (SEL, comités de quartier, lieux de vie, coopératives, écoles autogérées, média indépendants.). Elles/ils expérimentent de nouvelles conceptions éducatives, économiques, culturelles, de nouvelles conceptions des relations humaines, basées sur l'égalité, l'autonomie, le refus de toute discrimination et de toute hiérarchisation. S'appuyant sur une conception élevée de la personne humaine et de ses capacités d'évolution, les anarchistes pensent que toute femme et tout homme est capable ­ par l'éducation, la transformation de son contexte social et l'effort personnel ­ de changer de comportements, d'apprendre progressivement à vivre en cohérence avec ses semblables sans gouvernement. Les anarchistes ne sont pas des partisan-e-s du chaos, au contraire, ils/elles veulent construire une société où les personnes n'ont plus besoin d'autorité pour réguler leurs relations parce que, se hissant à un niveau élevé de qualité humaine et d'autodiscipline, leur conscience et leur respect de l'autre sont devenus leur seule autorité. En remplaçant le « chef » par la conscience personnelle, l'anarchie ne fonde pas le désordre mais le plus haut degré de l'ordre : la fraternité des individus libres.

Pour les anarchistes, c'est la société actuelle qui est chaos. Chaos organisé, policé, institutionnalisé, bref « civilisé », mais chaos tout de même. Ils/elles veulent remplacer cet ordre barbare ­ ordre du plus fort, du plus manipulateur, du plus démagogique. - par une société où se décident en commun les orientations collectives, une société d'individu-e-s s'associant volontairement et librement dans un esprit de complémentarité, de partage authentique et d'entraide non imposée, sans rapport avec le collectivisme forcé et bureaucratique du socialisme d'Etat.

Et la violence dans tout ça ?

Le projet anarchiste vise à mettre fin à la violence, sous toutes ses formes. Les anarchistes aspirent à une forme profonde de réconciliation sociale par l'abolition des classes, des inégalités et des discriminations génératrices de violence. Elles/ils ne considèrent pas pour autant qu'il faille, au non de la « non-violence », capituler devant un système autoritaire et injuste. Les anarchistes refusent une conception de la non-violence » qui serait en fait une soumission à la violence économique et institutionnelle. Face à la violence du système, ils/elles font le choix de se défendre et de défendre leur projet social alternatif, non par goût de l'affrontement mais par nécessité. S'il est vrai que des militant-e-s anarchistes optent, dans certains contextes et de façon non systématique, pour le rapport de force et le recours à certains moyens offensifs, cette violence est souvent dérisoire par rapport à la violence directe, ou sournoise, exercée au quotidien par les détenteurs du pouvoir économique et financier, par les forces de répression qui protège « l'ordre » mondial. Face aux quelques vitrines cassées à Gênes, des populations sont expulsées de leurs terres pour que des compagnies commerciales s'y implantent, des cultures vivrières sont détruites pour faire de la place aux productions occidentales, des milliers de gens sont exploités, réduit à la disette et à la précarité à cause des choix économiques et monétaires qu'on leur impose, des ressources sont pillées pour le profit d'une minorité, pour que fonctionne notre société de consommation à outrance, des femmes et des hommes sont exclus de tous processus de décision et de création, confiné-e-s dans des rôles de consommateurs passifs ou traité-e-s en esclaves ou en marchandises, nié-e-s dans leur humanité même, etc.

 C'est pour tenter d'occulter cette violence omniprésente que les projecteurs sont braqués sur celle des « casseurs » par les détenteurs du pouvoir et de la puissance. Cette manipulation du réel, visant à criminaliser les opposants à la barbarie capitaliste et étatiste, a franchi plusieurs degré à Gênes. Pourtant, les faits parlent d'eux- mêmes : un mort - tué à bout portant de deux balles dans la tête -, 600 blessé-e-s dont certain-e-s gravement, des centaines d'arrestations, des sévices gratuits et sadiques infligés aux personnes arrêtées, des humiliations, des menaces de mort ou de viol, des privations de toutes sortes, etc. Le but de ces exactions est clair : dissuader, effrayer, briser toute velléité de révolte ou d'opposition, mais aussi créer un climat de guerre civile, afin de susciter dans l'opinion un besoin sécuritaire et de légitimer a posteriori une violence d'état hors de proportion. Il ne s'agit pas de nier que des anarchistes font le choix d'affronter violemment les forces de l'ordre ou de s'en prendre à des bien matériels ou des bâtiments symboliques (banques, concessionnaires de voiture de luxe, succursale de sociétés transnationales connues pour leurs mépris de la vie humaine et de la nature, etc.), mais de rappeler que, d'une part, ce choix n 'est pas représentatif de l'ensemble du mouvement libertaire mais de groupes affinitaires particuliers. D'autre part, que ce choix est évidement sujet à débat, que l'on peut l'approuver ou le désapprouver, mais qu'il est malhonnête et méprisant de le réduire à de simples actes gratuits de défoulement ou de pulsion destructrice. Ces actes manifestent à leur manière le refus de la réalité actuelle et une aspiration authentique à une autre réalité, une autre société. Enfin, il n'est pas inutile de rappeler que certaines violences commises soi-disant par les anars le sont en fait par des policiers infiltrés, dans le but de brouiller le sens de leur action.

Pour terminer, précisons que tous les manifestants faisant le choix de l'action offensive ou du sabotage ne sont pas des anarchistes et que certains pillages ne sont le fait que d'opportunistes profitant du contexte de manifestation de masse.   Les anarchistes n'entendent pas se faire passer pour des saints irréprochables, ils/elles ont, comme tout le monde, leurs faiblesses et leurs contradictions, et peuvent commettre des erreurs. Pour autant ils/elles refusent d'être systématiquement diabolisé-e-s, que leurs actions soient régulièrement caricaturées et leur espérance rendue difforme et décrédibilisée par une propagande cynique et manipulatrice, attisant les préjugés et la peur afin de les isoler et de diviser le mouvement de résistance à la mondialisation capitaliste.

Des Anarchistes 

 

Webmestre: Alain MARQUET

alain.marquet@worldcom.ch